La Bande à Benny occupe une place à part au sein de la branche mondstadtoise de la Guilde des aventuriers.
Il est généralement requis qu'une équipe d'aventuriers soit composée de trois à quatre membres permanents. De cette manière, les risques d'accidents s'en trouvent réduits, et les membres sont à même de se soutenir mutuellement.
Mais la Bande à Benny ne compte depuis longtemps qu'un seul aventurier permanent : son chef, Bennett.
L'absence d'autres membres s'explique principalement par la déveine légendaire de ce dernier.
Non que cela dérange ce passionné d'aventures outre-mesure ; Bennett ne se sent jamais seul...
Enfin, presque jamais.

Jack fut la première victime de la légendaire déveine de la Bande à Benny.
Alors qu'il se trouvait à quelques pas seulement du trésor recherché, une turbulence Géo comme il n'en advient qu'une fois par millénaire se fit soudain sentir, et en l'espace de quelques secondes le sol tremblant s'ouvrit, révélant à tous un abysse sans fond.
« Si proche, et pourtant si loin... »
Jack ne souffrit que de contusions mineures, mais cet épisode marqua durablement sa carrière d'aventurier : il ne fut plus jamais le même homme, comme s'il avait eu le cœur brisé.
Un autre membre de l'équipe, Royce, entendit quelqu'un crier « Héhooo ! », avant de perdre conscience dans une immense explosion.
La criminelle se cachant derrière la catastrophe n'était autre que Klee ; elle fut enfermée en punition pendant sept jours dans sa cellule pour avoir fait exploser une grotte qui s'avéra malheureusement être une cave secrète explorée avec précaution par le groupe d'aventuriers.
Heckler souffrit lui pendant une semaine de diarrhée aiguë après avoir rejoint la Bande à Benny ; bien que cela s'avéra être dû à une intoxication, personne ne put lui faire démordre qu'il s'agissait là d'une autre manifestation de la poisse de Bennett.
« Ils vont revenir ! Ils sont juste partis en vacances, hahaha... Je vous en prie, ne supprimez pas mon équipe de la Guilde ! »
Face aux sincères supplications de Bennett, Catherine finit par soupirer ; elle n'eut pas le cœur de lui avouer que ses partenaires s'étaient déjà tous carapatés.

Autrefois existait un lieu empli de dangers et de désespoir.
Un vieil explorateur vint à le parcourir.
Les flammes dansantes lui brûlaient la peau, et le tonnerre retentissant dans l'air le transperçait de son grondement strident, tandis qu'il avançait en proie à des vents à déchirer l'âme.
Parvenant enfin au bout de son infernal périple, quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il y trouva... un nourrisson.
Le vieil aventurier, qui était convaincu d'être le premier être vivant à fouler ce lieu de perdition, ne put s'expliquer cette surprenante apparition.
« Ce bébé... Ce bébé a été abandonné par le monde. »
Nullement déçu de n'avoir pas trouvé quelque arme sacrée ou artéfact précieux, le vieil homme décida que le nourrisson lui tiendrait lieu de trésor.
« Nul doute que cette aventure a sa propre signification. » Et ainsi pensant, il prit avec soin le petit être chétif contre sa poitrine.
Ce faisant, il ignorait qu'il allait à l'encontre de la volonté du monde.

Le vieil aventurier succomba à ses blessures avant d'avoir pu raconter son histoire, ne laissant derrière lui que le mystérieux bébé rescapé.
Il parvint seulement à murmurer ces ultimes mots avant de rendre son dernier souffle : « volonté », « aventure », et « trésor final ».
La branche mondstadtoise de la Guilde des aventuriers comptait alors parmi ses membres plusieurs hommes d'un âge avancé n'ayant ni femme ni enfants ; ceux-ci prirent le nourrisson sous leur aile, le traitant comme leur propre fils, et l'appelant Bennett.
Le petit Bennett, qui avait l'esprit éveillé, les appelait tous « papa ».
« Papa, ton dentier est encore tombé dans la soupe ! » ; « Papa, pourquoi continuer à porter ce vieux pourpoint en cuir ? Où sont les sous-vêtements que je t'ai achetés ? » ; « Ne reste pas trop près de moi sous l'orage papa, ou tu risques de te faire frapper par la foudre ! »
De nos jours, Bennett passe le plus clair de son temps libre à prendre soin de tous ces aïeux qui n'ont pas de famille sur qui s'appuyer.
« Tous ces vieux ont certainement trouvé un sacré trésor, pas de doute là-dessus ! », a coutume de dire en riant Cyrus, l'actuel chef de la Guilde, en donnant une bonne claque dans le dos de Bennett.
Il a beau être malchanceux, au moins peut-il rendre la vie de ceux qui lui sont chers plus agréable – c'est du moins ainsi que Bennett voit les choses.
Ce dernier continue de croire que sa malchance finira par le guider vers son propre trésor.

Oz, le corbeau de Fischl, dit de Bennett qu'il s'agit du « jeune homme le plus tenace de l'univers ».
Ceci n'est pas sans fondement : en effet, les cicatrices qui le recouvrent témoignent d'une vie d'épreuves.
Attaques de monstres, effondrements de ruines, chutes de précipices... Bennett le malchanceux a dû apprendre à la dure à se sortir de tous types de situations.
Barbara la Diaconesse fut un jour surprise de voir avec quelle facilité Bennett remet en place les articulations disloquées.
Un autre don résultant de toutes les épreuves qu'il subit est son « talent unique » en combat.
« Regardez ses mouvements... Cela ne devrait-il pas lui faire mal ? », fit un jour le Grand Maître Varka, intrigué au plus haut point.
Ce n'est pas que Bennett soit insensible à la douleur ; il s'y est juste habitué, comme on s'habitue à une mauvaise odeur ou à une lumière trop puissante.
C'est ainsi que son style unique de combat – foncer droit devant au mépris du danger – est devenu en quelque sorte sa signature.

Qu'est-ce que la mort ? Ayant passé sa vie entière entre la vie et la mort, Bennett ne peut s'empêcher de se poser la question.
Il sait que le vieil aventurier qui l'a sauvé a laissé après sa mort nombre d'histoires se transmettant d'une génération à l'autre.
Il sait aussi qu'on n'entend nuls pleurs aux funérailles des vieux explorateurs n'ayant pas de famille, mais juste le son des verres d'amis de longue date trinquant à leur départ.
Il sait également qu'aux yeux des aventuriers de Mondstadt, une « bonne mort » est apportée par une vie dédiée à la poursuite des trésors et des secrets de ce monde ; l'âme de l'aventurier méritant est alors emportée par l'Archon Anémo.
Bennett était autrefois terrifié par l'idée-même de la mort.
Mais après avoir longuement réfléchi au sujet, il sent maintenant que la mort est une conclusion heureuse pour tout aventurier.
Non que la fortune lui sourie en aucune manière de toute façon...
« Allez, direction le prochain trésor ! » ; et Bennett abandonne ainsi le fil de ses pensées.

À chaque fois que ses aventures se soldent par des blessures en tout genre (soit à chaque aventure), Bennett se rend à la cathédrale pour y recevoir les soins de la main de Barbara, qui lui remet les os en place et arrête ses hémorragies.
« Pardon, c'est encore moi », peut-on l'entendre dire à chaque fois tandis qu'il se gratte la tête d'un air perplexe.
À sa vue, Barbara secoue alors la tête et lui répond « Bien, occupons-nous donc de ces égratignures », et ce faisant lui donne un paquet de pansements.
Ces démonstrations d'affection occupent une place spéciale dans le cœur de Bennett, qui applique chacun des pansements offerts avec le soin que d'autres mettraient à accrocher des médailles ; puis il se fond en remerciements à l'égard de la diaconesse.
Bennett garde sur lui un grand nombre de pansements qui lui ont été offerts par ses aïeux, Barbara, Catherine... ou encore d'autres aventuriers qu'il croise par chance lorsqu'il est blessé.
Aux yeux du jeune homme, tous ces témoignages d'affection qui l'accompagnent sont une sorte de porte-bonheur :
« Avec toutes ces personnes qui se soucient de moi, je ne suis pas aussi malchanceux que ça après tout ! »

Aucun obstacle ne semble être capable d'arrêter la passion de Bennett pour l'aventure.
Bennett n'a qu'une envie : explorer, défier, combattre, et devenir vieux en suivant le chemin de l'aventure.
Il lui arriva cependant une fois de vivre une crise d'une importance bien réelle.
Tout comme le vieil aventurier des années plus tôt, Bennett se trouvait alors en un lieu où l'espoir n'existait point.
« Perdu trop de sang... Pas bon ça, pas bon... »
Mais il ne s'arrêta pas pour autant. « Ce n'est pas une raison pour revenir sur mes pas ! » pensait-il.
Il réalisa soudain que toutes les mésaventures qu'il avait connues jusqu'ici n'avaient eu qu'un seul but : le préparer pour cet instant précis.
Mais au bout du chemin semé d'embûches de ces terres désolées, il ne trouva... rien.
« Haha, revenir les mains vides... Cela fait aussi partie de l'aventure. Peu... m'importe... »
C'est ce moment que choisirent ses multiples blessures pour se rappeler à son bon souvenir, et ces mots à peine prononcés, il s'écroula, inconscient.
À son réveil, il découvrit avec surprise que ses blessures avaient été cautérisées par quelque mystérieuse flamme, et que saignements et douleurs s'étaient interrompus.
Dans sa main brillait un joyau, envoyant un éclat battant à l'unisson avec son propre cœur – le cœur d'un vrai aventurier.
Il ne s'agissait là point du signe de la pitié de quelque divinité, mais bien de la récompense accordée à Bennett pour sa passion inébranlable.