Beidou est la dirigeante du Crux, la flotte armée basée au Port de Liyue.
Une flotte armée signifie exactement cela : un ensemble de navires à la puissance de feu conséquente.
Bien évidemment, toutes les actions de la flottille sont approuvées par les Sept Étoiles... plus ou moins.
Beidou en est la cheffe, en qui l'équipage a une confiance aveugle – les marins vont même jusqu'à la croire capable de dompter les tempêtes en mer.
« Regardez, c'est Beidou ! Même les plus puissantes des tempêtes se soumettent à sa volonté ! »

Beidou jouit d'une certaine réputation à Liyue.
Bien qu'elle ne jouisse pas du renom des Sept Étoiles, il n'existe cependant pas un marchand en ville ignorant son nom – ou celui de son armada, le Crux.
Bien évidemment, les rumeurs au sujet de quelqu'un de sa stature abondent. Les gens adorent narrer ses épiques aventures et ses exploits en mer, décrits généralement avec moult exagérations.
Une autre rumeur existe cependant, selon laquelle Beidou serait capable de canaliser l'élément Électro à l'aide de son épée, et de couper en deux les monstres des bas-fonds marins d'un seul coup de son arme.
Ceux qui entendent ces rumeurs n'y accordent généralement aucun crédit, mettant ça sur le compte d'élucubrations d'ivrognes ; mais pour ceux qui ont voyagé à ses côtés, ces histoires ne sont point sujet à plaisanterie. À leurs yeux, Beidou est la personne toute indiquée si par hasard un monstre marin était pris de l'envie de se faire trancher en deux.
En d'autres termes, Beidou est aussi impressionnante que les rumeurs circulant à son sujet dans les cercles marchands ; et son surnom de « Reine des Mers » n'est point immérité.

Les marchands ont de tout temps eu tendance à faire passer le profit avant leur humanité ; ceci est un état de choses généralement accepté comme tel.
Mais à Liyue, où tout le monde trempe dans quelque commerce, il en va autrement, et les habitants du port, lorsqu'ils en parlent, diront tous que Liyue est différente de ce point de vue.
Les marchands étrangers répondent à ceci en riant : « Liyue a juste intégré l'humain au commerce, c'est tout ! » Ce à quoi rétorquent les gens de Liyue : « Alors comment expliquez-vous l'existence de la Flotte du Crux ? »
Cela fait déjà plusieurs années que le Crux s'est fait un nom ; l'affréter revient très cher. Et pourtant, lors de l'une de ses sorties en mer, le Crux vint à essuyer une violente tempête ; au milieu des vagues et des remous, Beidou remarqua une embarcation marchande prise au milieu de l'orage. Voyant la difficulté dans laquelle celle-ci se trouvait, Beidou n'hésita pas et ordonna à son équipage de remorquer le bateau, au risque de briser la quille de son propre navire. Elle fit aussi partager avec l'équipage en difficulté les maigres rations de nourriture et d'eau potable qu'il restait au Crux, tandis que l'embarcation était ramenée vers des eaux plus clémentes.
Après plusieurs jours, l'embarcation fut enfin ramenée à un point d'ancrage sûr. Ayant eu la vie sauve grâce à son intervention, les marchands reconnaissants devinrent par la suite les fidèles partenaires de commerce de Beidou.
Lorsqu'ils racontent cette histoire, les habitants de Liyue ne manquent pas d'ajouter en souriant : « Risquer ainsi sa vie pour sauver des inconnus, n'est-ce pas faire passer l'humain avant toute chose ? Qui oserait regarder Beidou dans les yeux et lui parler d'esprit mercantile ? »

Le bruit court que la puissante armada du Crux est dirigée dans l'ombre par Ningguang, la Megrez des Sept Étoiles.
Cette rumeur est démentie par toutes les parties concernées, pour des raisons différentes.
En tant que membre des Sept Étoiles, Ningguang a besoin de quelqu'un pour effectuer certaines sales besognes ; de tous les candidats disponibles, son choix s'est porté sur Beidou.
Ningguang affirme qu'elle a choisi la personne de Beidou, et non l'armada du Crux, qui n'est qu'un ajout de circonstance.
Quant à Beidou, lorsque ces rumeurs lui parviennent, elle est la première à insister qu'elle collabore avec Ningguang sur un pied d'égalité : Beidou est son propre patron, et personne, même Ningguang, ne tire ses ficelles dans l'ombre.
Il est certain que Beidou occupe une place à part parmi les collaborateurs de Ningguang.
En effet, elle ne fait pas preuve de leur habituelle révérence à son égard, et peut même au contraire se trouver par moments en désaccord direct avec celle-ci.
Les conseillers de Ningguang s'inquiètent en permanence du caractère rebelle et imprévisible de la capitaine du Crux ; mais Ningguang se contente de balayer leurs inquiétudes d'un sourire.
« Bien au contraire ; à mes yeux, Beidou est la personne avec qui il est le plus facile de traiter. Tant qu'on lui dit les choses telles qu'elles sont et où est son intérêt, elle sait tirer les conclusions qui s'imposent. »

Un jour d'automne, la Flotte du Crux accosta après un long voyage ; conformément à la coutume, trois jours de célébrations furent lancés pour fêter son retour. Rien ne distinguait cette année-là des autres, si ce n'est peut-être l'arrivée de Xiangling à la tête des cuisines du Restaurant Wanmin.
Le comptable de l'armada, cherchant en permanence à réduire les coûts et tombant dans les rues de la ville sur Xiangling, l'attira à bord sous quelque faux prétexte. À la vue de Beidou, Xiangling, embarrassée au plus au point, lui dit avec franchise d'un air embêté : « Tous les ingrédients disponibles en mer ne me permettent que de cuisiner des plats du style Yue. Or sachez que mon but est de transcender le conflit opposant les styles culinaires Li et Yue... »
À ces mots, Beidou se contenta de montrer un coffre à ses pieds en souriant : « Notre dernière expédition a été fructueuse. Peut-être qu'une prime de cinquante mille moras pourra t'aider à faire ton choix ? »
N'étant pas du genre à refuser un défi (et ayant mûrement réfléchi aux paroles de Beidou), Xiangling resta, ne serait-ce que pour se prouver qu'elle était capable de cuisiner tous types de fruits de mer.
Beidou tomba rapidement sous le charme de sa cuisine, et fut l'une des premières à affirmer sans aucune trace de doute qu'elle deviendrait un jour l'un des chefs les plus renommés de la région ; elle ordonna également à son équipage de s'adresser à elle sous le nom de« Madame Xiangling ».
Xiangling, elle, appréciait la personnalité généreuse et directe de la capitaine, et on la vit souvent par la suite embarquer à ses côtés à la recherche de quelque nouvel ingrédient en mer.
Ayant toujours voyagé seule, Xiangling avait une conception quelque peu particulière de ce qui constitue une source de nourriture. Elle fut surprise de découvrir que Beidou avait une vaste connaissance des produits de la mer, bien qu'elle ne pénètre guère dans les cuisines.
Cela ne signifie pas pour autant qu'elle se mit à l'écouter lorsqu'il s'agit de décider ce qui était comestible ou non, bien sûr.

D'aucuns prétendent que les objets tiennent de leur maître.
Bien que cette idée puisse paraître tirée par les cheveux, il n'empêche que certaines des qualités de Beidou semblent avoir déteint sur le Crux.
Mais certains secrets ont cours au sein de l'équipage, se répandant en des lieux ignorés de Beidou.
Son second a pour habitude d'amener les nouvelles recrues boire un verre après leur première expédition, et de leur raconter avec force détails l'histoire suivante :
L'armada du Crux était en ce temps-là partie braver les mers, en mission d'exploration de territoires maritimes inconnus. Elle se trouva au cœur d'une tempête comme on en voit rarement ; le sort de la Flotte semblait scellé, et tous se préparaient à sombrer par le fond.
C'est alors qu'on put entendre Beidou, qui était à la barre sur le pont, chanter dans la tempête faisant rage une chanson traditionnelle des pêcheurs de Liyue.
« ... Jusqu'à ce que les vagues se calment, et qu'à l'horizon l'aube montre son visage... »
C'est sur ces mots que le second termine toujours son histoire ; et à chaque fois, son expression est celle de celui qui chérit quelque précieux souvenir.
Avec l'expansion des activités de la Flotte, l'histoire contée par le second s'est progressivement vue agrémentée de nombreux autres détails incroyables, qui participent à l'adoration des nouveaux venus à l'égard de leur capitaine.

1. Faisant face à une hydre à trois têtes aux dimensions défiant l'entente, Beidou mit l'arme au clair. D'un mouvement fluide, l'épée trancha les trois hideuses gueules, pour revenir ensuite dans la main de la jeune femme.
2. Beidou a déjà battu Ningguang aux échecs. À deux reprises. Il s'agit d'un exploit non pas parce qu'elle a remporté l'argent de Ningguang, mais bien plutôt parce qu'elle a osé remporter l'argent de Ningguang. Nuance de taille.
3. Depuis le jour de son combat contre Haishan, le monstre des profondeurs, Beidou n'a plus jamais chanté de nouveau de chant marin.
4. Oui, Beidou connaît des chants marins. Un conseil cependant : n'en faites surtout pas mention lorsqu'elle est dans les parages. Vous savez ce qui est arrivé à l'hydre à trois têtes, après tout.

Liyue et Inazuma partagent un dicton populaire : « Ses ailerons formèrent les fonds marins, et sa queue les montagnes au loin ». Cette phrase répandue à travers les rivages par les pêcheurs, finit par devenir un chant répété à des lieues à la ronde, connu de tous aujourd'hui. Il n'est pas rare d'entendre au loin lorsque la brume recouvre l'océan quelque équipage chanter à l'unisson : « Ses ailerons formèrent les fonds marins, et sa queue les montagnes au loin... »
Beidou grandit au son de cette chanson, qui lui servit de comptine. Enfant, elle adorait les récits du Souverain de la Roche venant à bout des monstres terrifiants habitant les profondeurs marines, et dans ses rêves pensait : « Un jour, moi aussi, je verrai ces monstres marins. »
Mais en ce jour qu'aucun des témoins présents n'oubliera jamais, c'est une autre émotion que le chant montant de ses lèvres transportait, repris par son équipage à sa suite.
Haishan, le démon des mers, bête mi-dragon mi-poisson, était en vue, rugissant, des vagues de la taille de montagnes venant menacer le vaisseau semblant si frêle face à une telle furie.
On disait alors que ceux qui vivent par la mer, meurent par Haishan... Beidou rêvait elle de rencontrer la bête depuis l'âge de six ans, s'imaginant couper sa gueule gigantesque d'un coup de son épée.
Elle avait à de nombreuses reprises défié la créature, mais chaque combat s'était jusqu'ici soldé par sa défaite. Mais pas ce jour-ci, ce jour où elle mena l'assaut face au géant des mers, sa meilleure épée à la main, et son fidèle équipage à ses côtés.
Le combat fit rage. Canons, harpons, flèches, lances, cordes : la Flotte assaillit Haishan de toute part, finissant par offrir une ouverture à Beidou. Saisissant sa chance, elle s'élança à l'assaut, rendant coup pour coup, combattante minuscule face au démon des mers. Dix heures durant elle se battit, jusqu'à ce que le soleil finisse par céder sa place à la lune.
Mais le couvert de la nuit conférait l'avantage à Haishan, et nul n'aurait osé laisser baisser sa vigilance. Beidou, seule à la proue, semblait écouter le vent.
Un seul coup suffirait, juste un seul. C'est tout ce qu'elle demandait. Et ainsi elle resta debout à l'avant du vaisseau, sans boire ni manger, ne bougeant pas un muscle, dans le froid glacial des vents marins.
Aux premières lueurs du jour, alors que le ciel commençait à laisser percer quelques rares rayons à travers les nuages, Beidou ressentit un changement dans les vagues autour de la Flotte du Crux. Haishan revenait à la charge, cette fois-ci pour en finir.
Beidou attendit, toujours immobile... Et d'un coup s'élança dans les airs, frappant tel l'éclair, et tranchant d'un seul coup d'épée aussi puissant que précis la gueule du monstre !
Les cieux grondèrent, couvrant les hourras de l'équipage, et un éclair pourpre atterrit aux pieds de Beidou baignant dans le sang de son implacable adversaire.
Et c'est ainsi qu'un œil divin échut à la tueuse de dragon, un joyau tout de pourpre brillant, plus précieux encore que le sang du dragon – un cadeau divin octroyé à celle qui avait réussi à vaincre Haishan, le tyran des mers.