Shikanoin Heizou est tout sauf un jeune détective ordinaire.
Employé de la Commission administrative, il ne peut cependant pas être qualifié d'imposant, de solennel ou de sérieux.
Sous ses airs inoffensifs de nouvelle recrue beaucoup plus polie et respectueuse que la moyenne se cache une personnalité indisciplinée.
Contrairement à ses collègues, il ne se rend pas quotidiennement au Poste de police et ne participe pas aux patrouilles.
Parfois, il disparaît pendant des semaines, voire des mois, avant d'être aperçu sur une scène de crime. D'ailleurs, le grand sourire qu'il arbore laisse souvent douter de son sérieux.
Toutefois, ses absences semblent tolérées par tous.
Ses collègues coopèrent volontiers avec lui et ses supérieurs hiérarchiques le laissent faire comme bon lui semble.
Il arrive même que des haut placés de la Commission administrative demandent de ses nouvelles.
Sa façon de travailler et son statut peu orthodoxes découlent de sa capacité à résoudre des affaires qui demeure inégalée.
Chaque fois que la Commission administrative se retrouve confrontée à une affaire difficile ou non élucidée, elle s'en remet pleinement à Heizou pour la résoudre.
Le chef du Poste de police a même du mal à retenir son admiration pour l'expérience bien fournie du jeune homme, mais Heizou a un avis différent sur la question :
« L'expérience n'est qu'une façon de désigner les erreurs que l'on commet. Ce n'est pas ma carte maîtresse. »
« Je suis simplement né pour faire ce métier. »

Rejoindre la Commission administrative n'est pas une tâche aisée. Après avoir réussi l'examen d'entrée, les candidats doivent se prêter à une vérification des antécédents pour laquelle il leur est demandé de déclarer certaines informations clés, comme leur patrimoine.
D'après Yoriki Owada qui était chargé de cette vérification à l'époque, Heizou avait rendu un formulaire de déclaration vide.
C'était un beau matin ensoleillé. Heizou parcourait la pièce avec ses yeux pleins de curiosité. Assis en face de lui, Owada examina le formulaire vide avant de lever son regard et insinua :
« J'ai rencontré beaucoup de jeunes gens talentueux, mais aucun d'entre eux n'a rejoint le Poste de police. C'est dommage. »
Après avoir entendu ces paroles, le jeune homme cessa soudainement ce qu'il faisait pour fixer Owada et lui répondit :
« Que diriez-vous d'un jeune homme comme moi ? »
Son changement radical d'attitude prit Owada complètement au dépourvu, telle une proie dans le champ de vision d'un rapace.
Une étrange sensation l'envahit tout à coup, comme s'il se faisait scruter dans les moindres détails.
Pour calmer ses nerfs, Owada lança :
« Riche ou pauvre, la Commission administrative accepte tout le monde. Cependant, si vous n'avez vraiment rien à déclarer, nous serons juste plus minutieux dans notre vérification. »
Un étonnant silence s'ensuivit. Le jeune homme en face de lui continua à le regarder sans dire un mot.
Owada se sentait mal à l'aide, son front le démangeait. Peut-être qu'il avait trop chaud ?
Cependant, il ne trouva aucune trace de sueur en tentant de l'essuyer avec sa main.
Owada regarda sa paume sèche, perplexe. Devait-il essuyer à nouveau son front ou retirer sa main ?
Le jeune homme éclata de rire à ce moment précis, ce qui apporta un soulagement immédiatement à Owada.
Heizou s'appuya sur la table avec son bras, le menton posé sur la main. Il sourit à Owada et dit :
« Je n'ai aucune possession à déclarer à part mon génie. »

Contrairement à ce que l'on pourrait croire, Heizou ne débuta pas sa carrière de détective à la Commission administrative.
Il était autrefois patron de l'Agence de détectives Bantan Sango Heizou dans la Cité d'Inazuma.
Cette agence connue aujourd'hui sous le nom d'Agence de détectives Bantan Sango fut cofondée par Heizou et Sango.
Leur amitié qui avait si bien commencé prit fin d'une façon regrettable.
Après la fin de leur partenariat, le nom de Heizou fut naturellement enlevé de celui de l'agence.
Cette rupture avait tout simplement été provoquée par un désaccord.
Sango estimait que le travail d'un détective était de découvrir la vérité et qu'elle l'emportait sur tout, comme la majorité de leurs confrères.
Cependant, Heizou trouvait que leur travail allait au-delà de cette poursuite de la vérité, qu'il y avait quelque chose de plus important.
Ses années d'expérience en tant que détective le rendirent conscient qu'il ne pouvait rien faire pour prévenir la survenue des actes malveillants.
Peu importe la sévérité de la peine à laquelle le coupable est condamné, la souffrance de la victime ne pourrait jamais être effacée.
De la même manière, un médecin ne pourrait pas traiter un patient et lui demander de faire comme si rien ne s'était passé.
« Vos blessures ont toutes guéri, c'est comme si vous n'aviez jamais été blessé. »
Le patient se remémorera ses blessures dès qu'il verra un médecin, une clinique ou les cicatrices de l'opération.
Les médecins ne pouvaient pas empêcher les actes violents d'être commis et les détectives n'avaient aucun contrôle sur le nombre de nouvelles affaires sur lesquelles on leur demandait d'enquêter. Néanmoins, Heizhou souhaitait changer la donne.
« Si je ne parviens pas à éradiquer le crime à sa source, il ne me reste plus qu'à devenir son pire ennemi.
Le nom de « Shikanoin Heizou » sera connu à travers tout Teyvat et intimidera tous les individus malveillants.
Ils ne connaîtront jamais le répit s'ils passent à l'action. »
Ce fut à ce moment que Heizou décida de quitter l'agence de détectives pour rejoindre les rangs de la Commission administrative et commencer à devenir le genre de détective qu'il souhaitait être.

« Dans les romans, tous les grands détectives ont un assistant. Tout comme le tonkatsu dans un katsudon. »
Uesugi, la nouvelle recrue du Poste de police s'approcha de Heizou, le sourire jusqu'aux oreilles.
« Je pourrais être ton assistant, Heizou. Qu'en dis-tu ? Je suis plutôt futé. »
Heizou regarda le jeune homme insouciant d'un air amusé en se touchant le menton et lui répondit :
« Mon petit doigt me dit que tu ne l'es pas vraiment. »
« Hein ? Peut... Peut-être que ton petit doigt a tort. »
La phrase d'Uesugi eut l'effet d'une blague racontée à la fin d'un spectacle comique. Les collègues à proximité se mirent à éclater de rire tel un bon public.
Uesugi comprit alors qu'il avait dit une bêtise et essaya de se rattraper.
« Euh, je voulais dire que... qu'on ne peut pas se fier à son intuition dans notre métier ! »
À sa surprise, les autres se mirent à rire de plus belle. Uesugi, qui ne comprenait plus rien, se demandait s'il ne devait pas se reconvertir en humoriste.
Heizou passa sa main sur son épaule comme s'il balayait son embarras en même temps que la poussière qui s'y était déposée.
« Je plaisantais. À vrai dire, mon petit doigt me dit que tu feras un bon doushin.
Je pense donc que tu devrais trouver ton propre assistant en temps voulu. »
À peine sa phrase finie que Heizou disparut aussi vite que le vent, laissant Uesugi ainsi que ses collègues hilares.
« Tu as encore un long chemin à faire avant de pouvoir espérer devenir l'assistant du doushin Shikanoin. »
« Je voulais simplement me rendre utile, comme il n'a pas l'air d'en avoir un. »
« Comment sais-tu qu'il n'en a pas ? Il n'a pas arrêté de le mentionner. »
« Ah bon ? Qui ça ? »
« Son petit doigt lui a dit des choses plusieurs fois, non ? »
« Comment ? Son assistant est... son intuition ?! »
« Eh oui ! Ce gars peut résoudre ses affaires grâce à son intuition seule. Ça t'en bouche un coin, pas vrai ? »

Heizou aurait dû être promu depuis des lustres si l'on en juge ses performances au travail.
Cependant, il a toujours conservé le grade de doushin depuis qu'il a rejoint la Commission administrative.
Ceci dit, bon nombre de ses collègues et supérieurs hiérarchiques grimpèrent les échelons de l'organisation grâce à lui.
La cousine de Heizou, Kano Nana, vint le voir après avoir entendu des choses à ce sujet. Déterminée à le défendre, elle lui lança :
« Tu n'es peut-être qu'un gamin, mais la façon dont le Poste de police te traite est inadmissible !
Je vais le leur dire à ces abrutis ! »
Connaissant sa cousine, Heizou décida de lui expliquer les raisons de sa situation pour lui éviter des problèmes — une chose rare.
« Personne ne me considère comme inférieur. Devine combien de détenus au Poste de police connaissent le nom des yoriki ? »
Le jeune homme écarta ses doigts, sa paume face à Nana. « Ça, au moins. »
Cette dernière n'avait aucune idée de ce qu'il voulait dire et répondit avec hésitation : « Cinq ? »
« Et combien connaissent le nom du grand détective qui se tient devant toi ? »
Heizou écarta les doigts de son autre main, mais la paume face à lui cette fois-ci.
« Ce nombre au minimum. »
« Encore cinq ? C'est quoi la différence ? »
Heizou ria. « Je comptais avec les poils de mes mains ! »
« On n'a pas de poils sur la paume : aucun détenu ne connaît donc le nom des yoriki.
Mais ceux qui connaissent le mien sont aussi nombreux que les poils du dos de ma main !
Ma réputation n'est plus à faire ! À quoi me servirait une promotion ?
Ce n'est qu'en restant en première ligne que les criminels seront intimidés rien qu'en entendant mon nom, pas vrai ? C'est mon but ultime.
Ne t'inquiète pas pour moi, cousine. Je n'ai jamais dévié de mon objectif et ce n'est pas aujourd'hui que je vais commencer ! »

Comme Heizou le dit, le nom le plus célèbre sur toutes les lèvres des détenus du Poste de police n'est pas celui d'un yoriki ou celui de la générale de la Commission administrative, mais bien le sien.
Même celui de la Shogun Raiden aurait moins de poids en ce lieu.
Aucun de ces criminels, petites frappes comme bandits de grand chemin, n'ont eu le privilège d'être personnellement arrêtés par elle, mais nombreux sont ceux qui ont été mis derrière les barreaux grâce à Shikanoin Heizou.
Voici comment cela est arrivé :
des criminels temporairement relâchés se vantaient de leur intelligence afin d'inspirer l'admiration de leurs collègues pour avoir réussi à duper les autorités.
Cependant, ils serrent les dents et rejettent la faute sur un certain détective lorsqu'on leur demande comment ils ont fini en prison.
« On s'est vraiment donné à fond, mais ce fichu détective est trop malin ! »
C'est ainsi que le nom de « Shikanoin Heizou » s'est progressivement répandu dans les cellules du Poste de police.
La situation a pris un autre tournant lorsque les détenus ont découvert qu'ils s'étaient fait arrêter par le fameux détective.
Ce Shikanoin Heizou était sans doute un détective doué pour parvenir à capturer des voyous futés.
Or, de nombreux criminels de haut vol tombaient dans les mailles de son filet. Il ne pouvait donc pas être un détective ordinaire.
Tout le monde s'imaginait alors la même chose : un dieu de la ruse déguisé en humain, sournois et trompeur, qui pouvait voir à travers le cœur de chacun.
Un tel gâchis ! Ce type aurait pu être le plus grand criminel de tous les temps !
Ceux qui ne souhaitent pas s'attirer davantage de problèmes choisissent de se taire et de ne plus participer à la discussion, tandis que les plus perfides d'entre eux pensent secrètement qu'il ne faut pas essayer de se frotter à Heizou ou dire du mal de lui plus que nécessaire.
Même les détenus les plus infâmes n'osent pas prononcer son nom lorsqu'ils fanfaronnent et utilisent le surnom « La tempête » à la place.
Quand le doushin chargé de les surveiller a demandé ce que cette « tempête » était, certains détenus lui ont répondu : « Une calamité qui s'abat sur nous autres ! »

Heizou estime que les détectives doivent briser les défenses de leurs ennemis par leur intelligence.
Selon lui, l'usage de la force pour neutraliser les criminels est une méthode indigne et qu'il évite si possible.
Au Poste de police, l'image d'un personnage intelligent mais fragile lui colla longtemps à la peau pour cette raison.
Ses collègues pensaient qu'il se ferait laminer lors du tournoi d'arts martiaux.
Ce dernier n'avait pas de restrictions : tous les styles d'arts martiaux et types d'armes étaient les bienvenus. La seule règle est de sortir son adversaire du terrain en cinquante pas pour gagner.
À la grande surprise de tous, Heizou se battit à mains nues et réussit à se qualifier pour la finale.
Kujou Sara, qui s'était déplacée après avoir eu vent de ses prouesses, conclut même que la rencontre fut terminée avant même d'avoir commencé.
« Le doushin Shikanoin se déplace avec légèreté et ses poings rivalisent avec n'importe quelle arme. C'est un adversaire coriace en combat rapproché. Seul un archer hors pair pourrait le battre. »
Comme prédit, Heizou remporta la victoire. Son adversaire admit sa défaite après les dix-sept coups de poing qu'il encaissa sur la gauche, tandis qu'il réussit seulement à couper une mèche de cheveux du détective avec son sabre.
Juste avant que Heizou ne soit déclaré champion, Kujou Sara entra dans l'arène et demanda un duel contre lui.
Le public était en délire. Les participants au tournoi étaient pour la plupart des doushins situés en bas de l'échelle hiérarchique, personne ne s'attendait à ce que la générale de la Commission administrative vienne en personne.
Heizou plissa les yeux. Il avait initialement pris part au tournoi pour tester ses compétences et ne souhaitait pas se retrouver dans une situation où son intelligence ne serait pas suffisante pour l'emporter.
Néanmoins, il accepta la demande avec joie. À ce moment, il était animé par un esprit de compétition souvent attribué à la jeunesse. L'ambiance dans l'arène s'embrasa en un instant, le visage des spectateurs rougi par l'excitation.
« Vas-y, Heizou ! », entendait-on crier le doushin Uesugi depuis les gradins, Yoriki Owada qui se trouvait juste à côté levant son poing.
Après un temps de préparation, les deux adversaires se retrouvèrent sur le terrain. Les règles étaient différentes cette fois-ci : aucun d'entre eux ne pouvait utiliser leur œil divin. L'arc de Sara contre les poings de Heizou. Le vainqueur serait celui qui parviendrait à toucher l'autre dans un périmètre de cinquante pas.
La foule ne pouvait plus contenir son enthousiasme. Le combat était sur le point de commencer, mais peu savaient que la rencontre entre ces deux combattants aguerris ne se jouait qu'à un fil.
Sara décocha sa flèche et cinquante pas plus loin, Heizou avait la main devant sa poitrine. Celle-ci agrippait la flèche encore vibrante qui était à deux doigts de toucher son cœur, tel un serpent sur le point de mordre sa proie.
« J'ai perdu. Votre flèche a été si rapide ! »
dit Heizou avec un rire avant de jeter la flèche. « Vous ne m'avez pas laissé le temps d'esquiver, générale. J'ai été obligé de toucher votre arme. »
« J'ai seulement gagné grâce aux règles. Peu de gens sont capables d'attraper mes flèches à mains nues. L'issue de ce combat aurait pu être tout autre dans des conditions réelles. »
Le regard de Sara luisait lorsqu'elle prononça ces louanges.
« Doushin Shikanoin, vous êtes aussi intelligent que doué au combat. Vous accomplirez de grandes choses si vous faites preuve d'un peu plus de discipline. »
...
Un mois et demi plus tard, le Sanctuaire de Narukami reçut une médaille de champion spécialement fabriquée par la Commission administrative accompagnée d'une note écrite.
« Voici un petit cadeau que tu pourras remettre à mon vieux quand tu auras le temps, cousine. Juste pour lui montrer que je n'ai pas oublié ses enseignements. »

Heizou parle peu de son enfance. À vrai dire, elle n'était pas très heureuse.
Il naquit dans un village reculé où sa famille était influente. Son père était un artiste martial de petite renommée.
Même si Heizou apprenait les arts martiaux aux côtés de ce dernier, il souhaitait faire autre chose de sa vie que de faire le même métier, comme tout enfant rebelle.
Un jour, le jeune homme rencontra un ami qui appartenait à une riche famille de marchands lors d'un festival.
Cet ami, qui était vif et agile d'esprit, emmenait toujours toutes sortes de gadgets qui venaient de l'entrepôt de sa famille pour qu'ils s'amusent avec.
Des livres de Sumeru, des jouets mystérieux de Fontaine... Ces objets apportaient une étincelle à la vie monotone de Heizou.
Les deux amis se rapprochèrent en grandissant, mais Heizou remarqua quelque chose qui clochait.
Les vêtements de son ami étaient toujours sales, contrairement à ceux d'un fils d'une riche famille.
Il décida de lui en parler sérieusement, comme des adultes le feraient.
À sa grande surprise, son ami avoua immédiatement l'avoir trompé : les objets avaient été volés à la guilde marchande du coin.
Celui-ci avait même l'intention de détrousser Heizou lorsqu'il le rencontra au festival, mais devint ami avec lui au lieu de cela.
L'ami ria tout en confessant ces faits, comme s'il racontait une histoire intéressante.
De son côté, Heizou était furieux, mais il ne savait pas ce qui le mettait hors de lui : que son meilleur ami l'ait dupé ou qu'il soit un criminel ?
Quoi qu'il en soit, il le réprimanda sévèrement et lâcha : « Nous ne sommes plus amis ! »
Fulminant, Heizou rentra chez lui et chercha le moindre objet que son ami lui avait donné pour le jeter, jusqu'à ce qu'il ne reste qu'une pierre verte.
Celui-ci était l'un des deux « trésors » que les compères avaient pêchés dans un petit ruisseau et qu'ils s'étaient partagés. C'était le seul objet qui n'avait pas été volé. Il était sans doute même plus pur que leur amitié.
En la regardant, Heizou se fit une raison et la balança par la fenêtre... Mais la pierre ricocha contre le treillis de la fenêtre avant de rouler sous son lit.
Contrarié, car les cieux avaient décidé d'être contre lui ce jour-là, Heizou se laissa tomber par terre comme une grenouille au ventre percé et refusa d'en bouger.
En fixant le plafond d'un air abattu, il se disait qu'il mettrait ces événements derrière lui. Cependant, plus l'on souhaite oublier et moins on y arrive.
Un an plus tard, lorsque le festival où lui et son ami s'étaient rencontrés eut lieu, Heizou retrouva le caillou et l'emporta avec lui pour s'y rendre.
Il ne s'avait pas à quoi s'attendre, mais le destin avait une réponse pour lui... sauf qu'elle était différente de ce que Heizou aurait pu imaginer.
Le jeune homme vit son ami gisant dans son propre sang sur le trottoir, après avoir été alerté par les cris de la foule.
Quelques instants plus tôt, l'ami eut une altercation avec un voyou qui voulait lui dérober sa bourse. Ce dernier le poignarda en plein cœur dans la panique.
Heizou rejoignit son ami en toute vitesse pour lui porter secours, laissant tomber la pierre dans sa main au sol. Une petite lueur traversa les yeux ternes de son ami lorsqu'il la vit.
« Heizou... Tu es venu me voir ? »
Heizou fit tout son possible pour maintenir la pression sur la plaie, mais le sang continuait de couler entre ses doigts. Une rage encore plus forte que l'année précédente l'animait.
« Tais-toi, imbécile ! Arrête de parler ! », cria-t-il.
L'ami hocha la tête et ouvrit sa bourse, non sans peine. Il n'y avait pas un seul mora dedans... Seule la pierre verte qui lui appartenait s'y trouvait.
Avec ses dernières forces, il prit la pierre et le tendit à Heizou. Son sourire était encore plus grand que lors de leur dernière rencontre.
« Je... Je suis venu te voir... moi aussi... »
...
Heizou ne se souvint pas de comment il put rentrer chez lui. Son esprit était vide, mais rempli de colère et de dégoût.
Son intuition lui dit qu'il ressentait ces émotions car il ne tolérait pas une certaine chose.
Ce fut cette chose qui s'est mêlée à la tromperie et à l'amitié, mettant fin à une vie bien avant qu'elle n'arrive à son terme : le « péché ».
Cependant, ce n'étaient pas les mensonges ou les vols de son ami ou encore le meurtre commis par le voyou pour lesquels il éprouvait une aversion. C'était quelque chose de plus abstrait, de plus grand.
L'accumulation de tous les péchés recouvrant le ciel comme une ombre géante et qui prenait pour cible tout ce qu'il y avait de beau en ce bas monde sans aucun scrupule, dans le but de l'étouffer.
Un mois plus tard, lors d'un beau matin, Heizou décida de se faufiler hors de chez lui pour entreprendre un voyage lointain après avoir laissé une note d'adieu. Lui qui avait désormais trouvé son ennemi, ferait tout pour le combattre.
Une pierre verte l'accompagnait dans son aventure. Pas celle qui symbolisait l'amitié, mais un œil divin qui représentait sa détermination.