La plupart des Liyuéens éprouvent une envie confinant à l'émerveillement vis-à-vis des occupants de la Terrasse Yujing et de leur style de vie, mais rares sont ceux familiers avec le fonctionnement du lieu.
Tout un chacun sait bien sûr que les Sept Étoiles sont des personnes hors du commun, dans les mains desquelles repose le sort de la cité. Mais peu peuvent se vanter de connaître les complexes rouages derrière chaque décision prise par ces dernières.
Les nouveaux règlements publiés chaque année influent grandement sur les prix du marché, mais qui sait combien de discussions, combien de compte-rendus de réunion, combien de journées de travail sont nécessaires pour la parution d'un seul d'entre eux ?
Ganyu, la secrétaire du Pavillon Yuehai, veille, abattant à elle seule une quantité impressionnante de tâches inconnues du grand public.
Mais que l'on dise aux habitants de Liyue qu'il s'agit là de la secrétaire du Pavillon Yuehai, il demeure peu probable que ceux-ci fassent le lien avec la jeune fille que l'on voit souvent aux premières lueurs se tenir sur les quais, profitant sereinement du lever du jour.
C'est cette même jeune fille qui, tandis que le soleil gagne le ciel, remonte toujours au Pavillon Yuehai, s'attelant aux tâches faisant partie de son propre contrat – un contrat qu'elle établit il y a de cela plus de trois millénaires avec le Souverain de la Roche.

Ganyu n'est la secrétaire attitrée d'aucune des Sept Étoiles en particulier. Elle est la secrétaire des Sept Étoiles, sans distinction aucune, point final.
Sous son apparence douce et amène se cache une volonté aussi solide que la roche.
Cette particularité n'a pas échappé au commandant des Adeptes, le Souverain de la Roche.
Il y a de cela bien des années, la première génération des Sept Étoiles vit le jour, et Ganyu fut la secrétaire de cette institution. Elle le demeura depuis lors, tandis que l'une après l'autre chaque Étoile laissait la place à la suivante, incarnant à elle seule la continuité du corps dirigeant.
Cela signifie que toutes les affaires en attente, tous les problèmes de chaque département, chaque bureau, finissent tôt ou tard par lui échouer, venant s'ajouter à la liste déjà longue de choses à traiter.
Mais quand bien même elle aurait le double, le triple ou le centuple de travail à abattre, Ganyu fait montre d'un sens des responsabilités que le temps n'a pas érodé, et ne rechigne jamais à la tâche.
Quelqu'un s'enquit un jour des raisons la motivant ainsi. La réponse obtenue avait de quoi en dérouter plus d'un.
« Ce que je fais... Ce n'est rien comparé aux accomplissements du Souverain de la Roche. »

« Ma responsabilité est d'assurer le bien-être d'autant de Liyuéens que possible. »
Dans l'écrasante majorité des cas, Ganyu est une secrétaire fiable et digne de confiance.
Difficile d'imaginer qui que ce soit d'autre accomplir ne serait-ce que le dixième de ce qu'elle accomplit, ou de trouver quelqu'un possédant une compréhension aussi poussée et réfléchie des affaires de la cité.
Mais, comme écrit précédemment, on peut compter sur Ganyu « dans l'écrasante majorité des cas ».
Plus la tâche à accomplir est décisive, et plus Ganyu cherchera à atteindre la perfection – et l'énorme pression psychologique qu'elle s'impose finit malheureusement parfois en erreurs de sa part.
Prenez par exemple le rituel de la descente, la célébration la plus importante de toute l'année à Liyue.
Lors de l'une de ces célébrations, Ganyu arriva trois minutes en retard, et se glissa à travers la foule sous les regards, rouge de honte.
Il fut impossible par la suite de lui arracher la raison de son retard, mais en son for intérieur, elle s'excusa mille fois auprès du Souverain de la Roche.
Les personnes qui la connaissaient le mieux, inquiètes à son sujet, lui demandèrent si sa charge de travail n'était pas trop importante et si quelques congés ne seraient pas les bienvenus. À chaque fois, Ganyu secoua la tête en signe de refus.
« Ah... J'ai passé deux heures entières à hésiter sur quoi porter pour la cérémonie, de peur que ça ne s'accorde pas avec ma mise de l'année précédente... »
Mais aucune chance que Ganyu avoue jamais ceci à voix haute.

Combien de temps dure vraiment un millénaire ?
Le temps qu'il faut pour que les lys vernis recouvrant autrefois le Marais Dihua disparaissent complètement sous l'assaut des eaux, et que les villages dont l'agitation animait autrefois les Plaines Guili soient rayés à jamais de la carte ?
Mais demandez à Ganyu, et elle vous répondra qu'un millénaire s'écoule presque trop vite.
Ganyu a passé à la Terrasse Yujing plus de temps que ce que les simples mortels peuvent concevoir, traitant sans relâche les affaires de la cité, prenant note de chaque nouvelle construction, et étant le témoin de la naissance et du développement de chaque branche du commerce au fil des ans.
Sa conception très subjective du temps qui passe trouve son origine dans les milliers de documents couverts de caractères, dans chaque formulaire marqué de multiples couleurs sur lesquels se posèrent ses yeux au fil des ans.
Les années n'ont pas érodé ses compétences intellectuelles, et elle pose sur toute chose le double regard d'une humaine et d'une Qilin.
Le Qilin, cette créature mythique dont elle est issue et qui sommeille en elle, peine à comprendre bien des tracas des hommes.
Mais le sang humain qui coule dans ses veines lui rappelle constamment qu'elle aussi appartient à ce monde qui parfois lui échappe.

Sortie de tout ce qui a trait aux activités professionnelles, Ganyu peut facilement détonner parmi ses contemporains.
Elle a par exemple pour habitude de faire la sieste l'après-midi, et son horloge biologique semble être d'une remarquable précision. Qu'arrive l'heure de sa sieste et il lui suffit de s'allonger pour que le sommeil la gagne, peu importe où elle se trouve. Une armée de Brutocollinus dansant la java autour d'elle ne saurait alors la réveiller.
Cette habitude bien ancrée était autrefois sujet de plaisanterie parmi les Sept Étoiles.
Jusqu'au jour où, accompagnant la Merak de quelque génération passée et sortant d'un repas copieusement arrosé, Ganyu se roula en boule sur le côté du chemin pour une sieste bien méritée, dont elle émergea au milieu des Marais Dihua lorsque sa tête y heurta le sol.
Pendant trois heures, Ganyu fut introuvable, où qu'on la cherche. La Merak, qui la connaissait bien, savait que jamais Ganyu ne se serait absentée sans la prévenir d'abord, et fit paraître un avis de recherche.
Depuis ce jour, on rappelle régulièrement à la secrétaire que la sieste se fait de préférence dans des « endroits sûrs ». Ce à quoi cette dernière répond immanquablement : « Mais... il n'y a pas plus sûr que les terres de Liyue, non ? »
Oui, Ganyu a de quoi surprendre les gens qui l'entourent – une particularité qu'elle doit sans doute au sang de Qilin qui coule sans ses veines.

Peu de personnes à Liyue savent que du sang de Qilin, la créature mythique, coule dans les veines de Ganyu.
Il n'est pas rare que les gens qu'elle croise à la Pente Feiyun lui demandent sans malice ce qu'elle porte sur la tête, ce à quoi elle répond toujours qu'il s'agit d'un ornement de famille.
« Si tout le monde connaît la vérité, m'intégrer sera encore plus difficile... »
Bien que n'ayant jamais été vraiment proche des habitants, Ganyu ne voit pas l'isolement d'un bon œil.
Qui plus est, aucun doute qu'elle serait assaillie de curieux qui voudraient toucher ses cornes si elle venait à révéler la vérité, or les cornes sont un organe sensible.
Un autre secret jalousement gardé par Ganyu est l'effort qu'elle dépense à maintenir ses mensurations.
Les Qilin observent un strict régime végétarien, mais cela n'empêche pas que contrôler son appétit dans une ville réputée pour sa gastronomie telle que Liyue relève de l'exploit, comme trouver une fleur enflammée au sommet des Monts Dosdragon.
Une fois une décision prise, Ganyu n'est pas du genre à abandonner en chemin.
Durant la Guerre des Archons, on l'a vue étouffer à mort un monstre impressionnant qui l'avait avalée en sous-estimant malheureusement pour lui son tour de taille.
Ganyu s'est depuis juré qu'un épisode aussi embarrassant ne se reproduirait plus jamais.

Notes manuscrites détaillant les caractéristiques morphologiques et les comportements des plantes de la Terrasse Yujing, chaque magnifique lettre étant écrite de la propre main de Ganyu.
Les notes sont succinctes, complètes et bien catégorisées, et offrent même des indications que beaucoup seraient comblés de trouver ailleurs sur le marché. Ces informations incluent des conseils sur l'entretien des lys vernis et des méthodes de greffe de fleurs de soie.
Leur lisibilité et leur accessibilité scientifique sont proches de celles des publications officielles.
Ou plutôt, c'est l'impression qu'on en a si l'on commence à lire le recto.
En passant à la fin cependant, on risque fort d'être abasourdi.
Les dernières pages sont une éruption troublante d'encre noire et de texte frénétiquement griffonné.
En lisant patiemment et minutieusement entre les lignes, on peut découvrir que ces notes étaient, à un moment donné, diverses méthodes de culture de légumes.
« Mais si j'apprends à faire pousser des légumes, je serais encore moins capable de contrôler mon appétit. »
Ses mains serrées en poings, ce fut avec beaucoup de difficulté que Ganyu effaça les résultats de ses recherches.
Plus tard, tout en arrosant des plantes à jeun, Ganyu se retrouva à plonger la tête dans un fourré de fleurs de soie, imaginant qu'il s'agissait de fleurs sucrantes dans un effort pour se réconforter.
Beaucoup plus de fleurs sucrantes fantasmées suivirent peu de temps après, pendant sa sieste de l'après-midi...

Les Qilin sont des parangons de bienveillance parmi les Adeptes, ne buvant que de l'eau douce et ne mangeant que des plantes.
Même la mouche ne sera pas blessée en leur présence, et même le roseau meurtri ne sera pas brisé. Ils ne voyagent pas en groupe et aucun piège ne les retiendra. Ils sont tranquilles mais sérieux, actifs mais réservés, telle une race douce et élégante.
Pourtant, lorsqu'une créature maléfique de la mer se leva et menaça la terre sous leurs pieds, ils ne restèrent pas les bras croisés, ni ne choisirent la paix, alors que cette dernière n'était plus.
Il y a trois mille ans, Ganyu a répondu à l'appel de Morax l'Archon Géo en l'aidant pendant la Guerre des Archons.
Et une fois la guerre terminée, elle choisit de rester à Liyue et d'aider les humains à y construire un nouveau régime politique.
La première des Sept Étoiles de Liyue aurait besoin de soutien, et elle vit cette tâche comme une évidence, devenant leur secrétaire.
Au moment où elle prit cette décision, un œil divin apparut à sa hanche, lui accordant le pouvoir de résonner avec le monde à un degré au-delà de ses capacités naturelles.
Qu'elle devienne assez puissante pour ne plus en avoir besoin, ou qu'elle l'utilise en dernier recours pour la défense de Liyue...
Quoi qu'il en soit, elle choisit de servir de pont entre les Adeptes et les humains. Son œil divin était donc la preuve et le témoin de son nouveau devoir.