Kaeya Alberich est le fils adoptif de la famille Ragnvindr, les plus grands exploitants vinicoles de Mondstadt.
Cela fait longtemps qu'il n'appelle plus Diluc Ragnvindr « frère ».
Kaeya est capitaine de cavalerie de l'Ordre de Favonius ainsi que le bras droit de Jean.
Il est souvent chargé du nettoyage après chaque incident ayant lieu dans le territoire de Mondstadt.

Ce qui est plus intéressant, c'est que vous aurez plus de chances la nuit de tomber sur Kaeya à la taverne qu'au quartier général de l'Ordre.
On le voit souvent assis au bar, discutant avec les autres amateurs d'alcool tout en sirotant une « mort de l'après-midi », le fameux cocktail mondstadtois.
Les vieux et les piliers de bar de la cité lui font excellent accueil, allant jusqu'à le nommer « le meilleur candidat au poste de gendre ».
Il peut paraître surprenant qu'un homme espiègle et buveur tel que Kaeya soit capitaine de cavalerie de l'Ordre de Favonius.
Chasseurs comme bandits font partie de ses compagnons de beuverie ; même le plus circonspect finit victime de ses beaux discours, et se retrouve à lui parler autour d'un verre.
Et selon ce qu'ils confient à Kaeya, la nuit de ses compagnons de table peut connaître des fins radicalement différentes, allant de simple soirée entre clients du bar, à un cauchemar échappant entièrement à leur contrôle.
« Tout le monde connaît un secret, mais peu de gens savent quoi en faire », aime à répéter Kaeya avec son sourire narquois.

« La justice n'est pas un principe absolu, mais plutôt le point d'équilibre entre force et stratégie. Quant à comment elle est appliquée... Mieux vaut ne pas trop se poser de questions. »
Ainsi parla un jour Kaeya au Grand Maître.
Tant que toutes les pièces se mettent en place à la fin de la manière qu'il le souhaite, Kaeya ne se soucie guère des moyens pour arriver à ses fins.
L'attitude de ce cavalier définit son caractère.
D'aucuns pourraient ajouter qu'elle ressemble en tous points au fameux cocktail apprécié par l'homme : sauvage et explosive.
Mais elle ne fait pas toujours l'unanimité.
Ainsi par exemple, Kaeya déclencha un jour le gardien d'une ruine afin que le chef d'une bande de bandits l'affronte en face-à-face ; cependant, ainsi faisant, il mit plusieurs de ses propres hommes en danger.
Dans ces moments-là, même Jean, qui place toute sa confiance en Kaeya, secoue la tête en signe de désaccord.
Mais cela ne dérange pas le moins du monde Kaeya, évidemment. Au contraire même : il affectionne de mettre les gens dans des positions délicates.
Il prend autant de plaisir à voir la lueur d'hésitation dans les yeux de ses camarades juste avant l'assaut, que de lire la terreur dans celle de ses ennemis.

Le brassage d'alcool a depuis longtemps prospéré à Mondstadt, participant de la richesse de la cité ; cette richesse attire tous types d'individus peu recommandables.
Ces ombres que l'on aperçoit dans les ruelles sombres viennent d'horizons variés, et pour des raisons qui leur sont propres.
Kaeya s'assure que Mondstadt est protégée de tels bandits et monstres avec son épée autant qu'avec son esprit.
Un jeune chevalier ayant dédié des années à l'étude des différentes menaces dans et autour de Mondstadt avait autrefois tenu la conclusion suivante :
Les saisons où le cocktail mort de l'après-midi est indisponible, le niveau de menace et le nombre d'incidents enregistrés dans et en dehors de la cité montrent une baisse significative ; jusqu'à ce que le cocktail soit de nouveau disponible...
Ayant montré le résultat de ses recherches à Kaeya dans l'espoir d'obtenir du capitaine de cavalerie quelque conseil, le chevalier n'obtint pour toute réponse qu'un simple « Intéressant... » accompagné d'un sourire en coin.

De manière générale, Kaeya est quelqu'un facile d'accès ; la seule chose dont il ne parle jamais est son passé.
Quand bien même le Grand Maître lui demande quelque renseignement sur sa vie passée, il trouve toujours le moyen de ne fournir que des réponses vagues.
« Il y a de cela dix ans environ, mon père m'amena un après-midi de fin d'été au Domaine de l'Aurore. »
« Je me souviens encore de ses mots : « Je vais acheter une bouteille de jus de raisin pour la route » ; mais il n'est jamais réapparu. »
« Je doute que si maître Crepus n'avait pris soin de moi, je ne pense pas que j'aurai réussi à survivre à la tempête qui s'abattit cette nuit-là. »
Derrière ce qui paraît comme un récit détaché se cache un mensonge savamment construit.
Kaeya n'a jamais révélé à quiconque ce qui était réellement arrivé en ce jour fatidique.
« C'est ta chance ; tu es notre seul espoir. »
Son père biologique lui avait alors serré les épaules, le regard portant au loin, en direction de leur pays natal, Khaenri'ah.
Jamais Kaeya n'oublia ce regard, dans lequel l'espoir le disputait à la haine.

Nombreux sont les habitants de Mondstadt qui se souviennent des deux jeunes hommes les plus en vue il y a quelques années.
Diluc était un épéiste élégant, affichant en permanence sur son visage plein d'assurance un sourire sympathique.
Kaeya, plus excentrique, était son ami, son soutien et la voix de la raison, s'assurant que Diluc vienne à bout de toutes les épreuves sur son chemin.
Les deux amis étaient semblables à deux jumeaux, n'ayant point besoin de parler pour savoir ce que pensait l'autre, et protégeant Mondstadt de jour comme de nuit.
... Jusqu'à ce jour fatidique où le convoi qu'escortait Diluc fut attaqué en pleine forêt par un monstre énorme, jour à jamais gravé dans la mémoire de Kaeya.
Ce fut la seule fois où il manqua à son devoir.
Lorsqu'il arriva sur la scène, le combat était déjà terminé.
Leur « père » avait vaincu la bête en faisant appel à quelque pouvoir occulte, mais y avait perdu la vie.
Kaeya et Diluc furent profondément choqués par l'événement, et perdirent le sang-froid légéndaire du chevalier.
« Ainsi donc même quelqu'un comme maître Crepus se soumet face à un tel pouvoir maléfique... »
Tandis que cette dangereuse pensée germait en son esprit, Kaeya continuait d'afficher son sourire en coin.
« Ce monde est vraiment... fascinant. »
Leur « père » gisait devant eux dans une mare de sang ; et c'est cette nuit que les chemins des deux hommes se séparèrent.

Coincée entre les pages d'un exemplaire des « Aventures d'Angelos » se trouve une liste de noms rédigée sur un papier à l'en-tête des chevaliers de l'Ordre.
Sur le document ont été portés avec méticulosité les noms des bandits présents à l'intérieur et aux environs de Mondstadt ainsi que ceux des mercenaires et des membres des Pilleurs de trésor au grade suffisamment élevé. À côté de chaque nom ont été inscrites différentes informations : position, zone d'activité, ou encore profil détaillé.
Un cercle entoure une dizaine de noms, à côté desquelles il a été ajouté : « Sinon on s'ennuierait trop. »
Interrogé sur la liste, Kaeya vous répond qu'il s'agit juste là de « bêtises » écrites quand il était saoul.
Mais vous n'arrivez pas à vous défaire du sentiment que ce n'est pas un hasard si Kaeya vous l'a montrée.

Kaeya Alberich obtint son œil divin un soir, alors que des pluies torrentielles s'abattaient sur Mondstadt.
L'après-midi du même jour, maître Crepus Ragnvindr fut contraint de faire appel au pouvoir de l'œil maléfique, et en fut la victime. N'ayant d'autre choix pour libérer son père de sa terrible agonie, Diluc Ragnvindr l'acheva de sa propre main.
Kaeya, fils adoptif de maître Crepus, avait toujours été aux côtés de son frère Diluc ; mais il ne participa pas aux derniers moments entre un père et son fils.
Le soir de ce jour fatidique, la pluie s'abattit en trombes sur Mondstadt ; les cieux pleuraient maître Crepus, aurait-on dit.
Kaeya avait une identité inconnue de tous : il était en réalité un agent de Khaenri'ah, envoyé à Mondstadt pour servir les intérêts du royaume. Son père biologique l'avait abandonné dans ce pays étrange afin qu'il y remplisse sa mission. Maître Crepus et Mondstadt l'avaient ensuite accueillis à bras ouverts.
Si jamais venait à éclater une guerre opposant Khaenri'ah et Mondstadt, pour quel côté combattrait-il ? À qui, de son propre père biologique qui l'avait abandonné ou de son père adoptif qui l'avait pris sous son aile, irait son allégeance ?
Ce dilemme pesait lourdement sur le cœur du jeune homme, pris entre loyauté et obligation, et confronté à un choix impossible : vérité ou devoir ?
Mais le décès de maître Crepus vint faire pencher la balance, et Kaeya se sentit enfin libéré du poids qu'il portait depuis des années ; et dans le même temps, il se fustigea pour sa réaction qu'il jugeait égoïste. En tant que fils, il aurait dû sauver maître Crepus, mais avait échoué. En tant que frère, il aurait dû partager la douleur de Diluc, mais était resté derrière lui, accaparé par son problème, alors que leur père gisait sous leurs yeux.
Rongé par la culpabilité, Kaeya frappa ce soir-là à la porte de Diluc. La pluie emporta le mensonge, et la vérité fut avouée. Kaeya s'était enfin libéré du poids qui l'écrasait.
Il avait anticipé la colère de Diluc. Et tandis que leurs épées s'entrechoquaient, il ne put s'empêcher de penser qu'il s'agissait là du prix à payer pour avoir mené une vie de duplicité.
Mais alors que le combat faisait rage, Kaeya sentit soudain une puissante énergie élémentaire parcourir tout son être. Il avait toujours vécu dans l'ombre de son frère ; mais pour la première fois de sa vie, il lui faisait face sous sa vraie nature.
La froide et fragile énergie élémentaire jaillit de la pointe de son épée pour rencontrer les flammes rageuses de celle de Diluc. La collision des énergies opposées fut violente, et explosa en un tourbillon qui les assomma tous les deux. C'est à ce moment précis que l'œil divin de Kaeya apparut.
Depuis ce jour, Kaeya et Diluc ont suivi chacun leur propre chemin. Kaeya ne fait jamais mention de cet épisode, de la même manière qu'il ne parle jamais de l'origine de son artéfact.
Bien qu'il s'agisse du prix qu'il obtint suite à un combat difficile pour avoir eu le courage de dire la vérité, Kaeya ne peut s'empêcher d'y voir le rappel constant qu'il est destiné à passer le reste de sa vie sous le poids du mensonge.